Presentazione in catalogo personale, Galleria Notizie, Torino, 1959 e Galerie de Seine, Parigi, 1961
Au moment où l’art européen semble de plus en plus handicapé par les exercices d’une subtilité humaniste au merveilleux passé mais arrivée à complète saturation, il serait un peu simpliste de croire que seul un art de choc, de violence dans la couleur et dans le geste trouve une autre actualisation de nécessité. Nous ne sommes plus il y a dix ans, et, autant l’action-painting que l’informel non signifié, sont devenus eux-mêmes des pièges académiques, ayant joué leur chance dans une surenchère de l’expressionnisme dans un moment où l’expérience de nouveaux pionniers avait une nécessité. Toute table rase entérinée, il y avait tout à découvrir autrement, pour proposer de nouveaux moyens de communication. Depuis quelques temps le choix d’un clavier se doit d’être fait, comme il est nécessaire de créer des oeuvres complètes et définitives qui engagent un ordre et un style. On ne s’installe pas dans l’anarchie, ou alors, elle devient elle-même la plus stérile des attitudes académisantes de tout repos. Les peintures de Carena proposent avec des moyens très subtils des “arrangements” structurels participant d’un possible ordre en appariement avec les nouvelles postulatiques. Des oeuvres de cette sorte se situent aux antipodes des “archéologismes” heureusement dénoncés par Dalì, comme l’une des maladies de notre siècle, et nous rassurent sur la continuité de ce que nos civilisations ont dû sauvegarder en profondeur, par delà tous les conforts socio-intellectuels qui ne sont que les chances de la médiocrité.
Carena participe, avec encore de trop rares individus dans le monde, à cette passionnante, parce que difficile, actualisation de l’aventure morphologique dont les amateurs d’art attendent, à travers les nouveaux chefs-d’oeuvre, et bien plus qu’un “style” momentané, un ordre à l’intérieur duquel l’exercice de certaines libertés, conditionnera une tradition autre à la puissance d’une ère.